法国文化台 Arte :Exterminez toutes ces brutes (3/4) – Tuer à distance

 

Raoul Peck réexamine l’histoire de l’Occident à l’aune de l’impérialisme, du colonialisme et du suprémacisme blanc. Ce troisième volet montre comment l’industrie de l’acier et la maîtrise de la technologie ont permis aux Occidentaux de mener des guerres de plus en plus lointaines et meurtrières.

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Ce troisième volet montre comment l’industrie de l’acier et la maîtrise de la technologie ont permis aux Occidentaux de mener des guerres de plus en plus lointaines et meurtrières pour créer un cycle sans fin, qui culmine avec le crime de masse impuni que constituent les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, et dont les États-Unis se sont affirmés comme les maîtres.

Déshumanisation

Avec ce voyage non chronologique dans le temps, raconté par sa propre voix, à laquelle il mêle celles des trois auteurs amis qui l’ont inspiré (l’Américaine Roxanne Dunbar-Ortiz, le Suédois Sven Lindqvist et Michel-Rolph Trouillot, haïtien comme lui), Raoul Peck revisite de manière radicale l’histoire de l’Occident à l’aune du suprémacisme blanc. Tissant avec une grande liberté de bouleversantes archives photo et vidéo avec ses propres images familiales, des extraits de sa filmographie mais aussi des séquences de fiction (incarnées notamment par l’acteur américain Josh Hartnett) ou encore d’animation, il fait apparaître un fil rouge occulté de prédation, de massacre et de racisme dont il analyse la récurrence, l’opposant aux valeurs humanistes et démocratiques dont l’Europe et les États-Unis se réclament. “Exterminez toutes ces brutes”, phrase prononcée par un personnage du récit de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres, et que Sven Lindqvist a choisie comme titre d’un essai, résume selon Raoul Peck ce qui relie dans un même mouvement historique l’esclavage, le génocide des Indiens d’Amérique, le colonialisme et la Shoah : déshumaniser l’autre pour le déposséder et l’anéantir. De l’Europe à l’Amérique, de l’Asie à l’Afrique, du XVIe siècle aux tribuns xénophobes de notre présent, il déconstruit ainsi la fabrication et les silences d’une histoire écrite par les vainqueurs pour confronter chacun de nous aux impensés de sa propre vision du passé.